Les jeunes de Bazas racontent la séance Vincent et moi
Dans le cadre du mois du film documentaire, les ambassadeurs.drices CaMéo du cinéma Vog de Bazas programmaient Vincent et moi, voici leur récit de cette rencontre riche en émotions…
Le mois dernier, nous, la team des ambassadeurs CaMéo du cinéma Vog de Bazas, avons découvert le documentaire Vincent et Moi, d’Edouard Cuel et Gaël Breton. Nous avons pu visionner le film en pré-visionnement, entre nous, en séance privée sur grand écran, ce qui nous a permis de partager nos impressions à chaud.
« Nous avons trouvé ce film très intéressant et émotionnel. Il nous sensibilise à la dure vie que mène Vincent. De plus, ce film nous apprend à ne jamais rien lâcher, même quand la vie semble être semée d’embûches. Nous avons aussi découvert que les trisomiques peuvent vivre seuls sans qu’on les aide dans leur vie« , nous expliquent Liam et Adrien, quelques jours après avoir “digéré” le film.
« Vincent et Moi est un film sensible à regarder en famille afin de sensibiliser le public aux difficultés quotidiennes des personnes atteintes de trisomies, ici Vincent, et surtout de leurs accompagnateurs. Il nous dévoile une image du handicap à travers le regard de ceux qui entourent Vincent. Ce documentaire nous permet de nous mettre à la place de l’entourage et de nous sentir concerné par ces conditions de vie compliquées. C’est un film plein d’espoir qui nous montre qu’avec ténacité, volonté et amour on peut surmonter les obstacles et parvenir à vivre presque comme les autres. Mais est-ce possible pour tous ? Nous aurions aimé plus découvrir le monde avec les yeux d’autres trisomiques, allez voir du côté de ceux qui n’arrivent pas si bien à s’en sortir« , ajoutent Germinal et Lila, nouveaux-venus dans la team de Bazas.
Après cette séance, nous étions tous d’accord pour organiser une séance afin de “partager ce film” avec les spectateurs, comme le dit justement Vincent dans le film. Véronique Legendre, de l’association Trisomie 21 Nouvelle-Aquitaine, a accepté de venir à Bazas, pour une soirée-rencontre dans le cadre du Mois du Doc. Elle était accompagnée de deux adultes trisomiques, Edouard et Thibaut, venus raconter leur parcours de vie. Il y a eu beaucoup d’émotions, on sentait la difficulté pour Edouard et Thibaut de se livrer, sur les épreuves qu’ils ont vécu et comment ils se battent chaque jour, accompagnés de leur famille, pour vivre une vie comme nous… Ils ont même pleuré et c’était vraiment émouvant. Comme nous avions préparé tout un tas de questions, Natan, Carla et Alma ont pu les leur poser en direct, autour d’un verre de l’amitié avec le public.
Le plus jeune, Thibault, habite à côté de Bordeaux. Il a eu son diplôme au lycée hôtelier de Blanquefort et travaille dans la restauration. Il a même réalisé des soupes pour des cantines scolaires qui l’ont appelé pour lui dire combien elles étaient bonnes ! Thibault aime beaucoup jouer à la pétanque et il regarde les championnats à la télé. C’est son grand-père qui lui a appris à jouer.
Edouard, qui a une formation de peintre, n’a pas emploi pour le moment. Enfant, il a pu aller dans l’école de son quartier. Il aime beaucoup le sport. Il pratique la musculation et le vélo.
Tous les deux n’ont pas leur permis de conduire mais ils se déplacent avec les transports en commun ou à vélo, car c’est très difficile pour une personne trisomique de passer son permis. Edouard et Thibaut nous ont expliqué que parfois les personnes trisomiques vivent seules, parfois en colocation. Thibaut nous a d’ailleurs dit qu’il voulait régler ses démarches et sa vie seul, et ses parents le soutiennent. Véronique, de l’association, nous dit que sur 19 personnes qu’ils accompagnent, 17 vivent seules, 2 sont en colocation et 1 est en couple.
Edouard poursuit en nous parlant de sa scolarité, qu’il faut s’adapter au regard des autres, apprendre à lire, écrire. Passer le bac est difficile… Il nous dit que pour s’intégrer, ce n’est pas avec l’école, mais qu’il faut avoir une activité en dehors. Thibaut était au collège Pablo Neruda de Bègles, il l’a mal vécu, s’est fait insulté, il se sentait faible face aux autres qui étaient forts. Mais il nous explique que ses parents lui ont toujours dit d’être fort et il le fait… C’est le principal de son collège qui l’a orienté vers le lycée hôtelier où il a eu son diplôme.
On sent bien que la famille est très importante pour ces personnes. A ce sujet, pour Thibaut et Edouard, lorsqu’ils sont malades, ils appellent leurs parents. Et c’est un problème pour eux de savoir comment ça se passera lorsque leurs parents ne seront plus là…
Véronique nous parle de son métier, que c’est un combat quotidien pour eux aussi d’accompagner les personnes trisomiques dans leur choix de vie, de faire comprendre à la société qu’ils veulent vivre comme nous, avec nous, et pas en dehors.
Alma conclue : “Natan et moi nous avons beaucoup aimé cette rencontre. Elle nous a fait réaliser combien c’est compliqué pour les personnes trisomiques de trouver une place dans la société. Ce témoignage était très riche et nous remercions Aurore l’animatrice du cinéma, Valérie Legendre de l’association Trisomie 21 et bien-sûr Edouard et Thibault pour nous avoir permis de vivre ce moment.”
Avant de partir, Edouard a distribué à tout le monde un livre auquel il a participé : Blablabla : arrêtez de nous prendre pour des trisomiques. Petit dictionnaire illustré de tout le monde”. C’est un ouvrage publié aux éditions #N’a qu’un oeil et conçu par l’Association Trisomie 21 avec des témoignages de 1464 personnes durant 6 ans et demi. A l’entrée “nuage”, ils écrivent : “être dans les nuages, c’est l’expression pour dire être dans la liberté, à l’intérieur de sa tête”…