Rencontre avec Sébastien Onomo producteur de FUNAN
FUNAN – Rencontre avec Sébastien Onomo à Bazas
Jeudi 7 mars 2019, la team des ambassadeurs CaMéo du cinéma Vog de Bazas a eu le privilège de rencontrer le producteur du film d’animation FUNAN, qu’ils ont visionné en sortie nationale. En effet, dans le cadre des séances décentralisées de Cartoon Cinémas de CINA, Sébastien Onomo a fait le déplacement jusqu’à Bazas, accompagnée de Flora Marchand, coordinatrice du dispositif CaMéo (ACPG).
Tous les ambassadeurs (et les spectateurs présents) s’accordent à dire que le film de Denis Do est non seulement une véritable réussite mais aussi une superbe aventure humaine, malgré la violence de la situation au Cambodge en 1975.
Sébastien Onomo nous explique qu’il s’agit-là de la véritable histoire personnelle de Denis Do : sa mère et son grand-frère ont bel et bien été séparés lors de l’arrivée des khmers rouges dans leur pays… ou quand la petite histoire rencontre la Grande Histoire. C’est lors d’un voyage dans son pays natal à 10 ans que le réalisateur que sa mère lui a raconté son passé : il comprend rapidement qu’il doit faire quelque-chose de concret avec cette histoire.
Après un passage à L’école des Gobelins (Paris), c’est décidé, ce sera un film. A ce sujet, il précise qu’il faut bien parler de “film” et non pas de dessin animé. Il est important de présenter le film comme “un drame” (le genre) et non pas “un film d’animation” (la technique utilisée).
Les ambassadeurs, qui avaient préparé des questions en amont, se demandent en quoi consiste précisément le métier de producteur? Sébastien raconte que la première étape consiste à identifier les talents, des visions de l’auteur : l’histoire du réalisateur doit lui parler, lui donner envie de la partager avec les spectateurs. La seconde phase concerne l’accompagnement financier : il s’agit alors de réunir les moyens financiers pour concevoir le film. On appelle cela la recherche de financement. Enfin, la dernière phase réside dans un accompagnement logistique et artistique. On recherche des comédiens pour les films en prise de vue réelle et des animateurs pour des films d’animation. Un film est un travail collectif : le générique de Funan en dit long, puisqu’il a fallu réunir pas moins de 200 personnes, sur au moins 2 ans pour réaliser le film. La création de Funan a nécessité 5 millions d’euros, ce qui est relativement bas comparé à un film standard, pour lequel il faut compter en moyenne 8 millions.
Concrètement, pour organiser une collecte de fonds, en France, il faut s’adresser à des “guichets”, qui aident l’industrie cinématographique. Le CNC (Centre National du Cinéma) organise cette collecte sur le prix des tickets de cinéma et redistribue ensuite ces recettes. Les régions, de leur côté, financent certaines oeuvres en échange d’obligations. C’est-à-dire ? Par exemple, si la région Nouvelle Aquitaine accepte de financer un projet, il faut en échange faire vivre la région et l’équipe du film doit alors dépenser une certaine somme sur le territoire. La télévision est également un soutien.
Personnellement, Sébastien n’est jamais allé au Cambodge (il faut surveiller le budget de près), mais un co-producteur local l’a assisté dans ses démarches.
Nous avons même droit à une révélation : il existera une suite à Funan, puisque Denis Do a prévu de faire une trilogie, Funan étant le premier volet qui représente le passé, le second incarnera le présent, avec cette jeunesse qui souhaite aller de l’avant et le troisième, bien entendu, le futur, toujours en lien avec le Cambodge. Nous suivrons l’affaire de très, très près ! Il est prévu de créer une version du film en khmer, pour le projeter dans le pays : il devrait être bien reçu car il y a déjà des demandes, même si les salles de cinéma se comptent sur les doigts d’une main dans tout le pays !
Dans sa carrière, qui dure depuis 9 ans, Sébastien a produit environ 3 films pour le cinéma et une trentaine de documentaires pour la télévision.
Dans la salle, certains ambassadeurs semblent s’intéresser à cette voie… Sébastien insiste sur le fait qu’il existe une multitude de parcours pour être producteur mais que la motivation principale reste l’envie de contribuer à enrichir le patrimoine audiovisuel français.
Nous sortons tout juste des cérémonies des César et des Oscars et nous nous demandons s’il existe un prix spécial pour les producteurs. En fait, on récompense le film dans son ensemble, pour son scénario, sa mise en scène, même si les César récompensent la direction de photographie, le chef décoration, l’ingénieur son… Funan a remporté le Cristal du Film d’Animation du Festival d’Annecy en juin 2018, haute distinction dans le milieu.
A l’issue de l’échange, Sébastien conclue sur une pensée qui nous laisse réfléchir : il a fallu pas moins de six ans pour que Funan voie le jour mais tout se joue en une semaine, lors de la sortie en salle. En effet, il est important de mobiliser les spectateurs dès la sortie nationale, sans quoi le film est tout simplement déprogrammé des salles et sa vie dans les salles obscures s’arrête là. Pour cela, il faut par exemple attribuer des notes sur allocine.fr… ou encore rejoindre le dispositif CaMéo, pour qui les ambassadeurs font un véritable travail de relais !
Sébastien Onomo était le lendemain au cinéma l’Étoile de Saint-Médard-en-Jalles, pour une soireé organisée avec Sol, ambassadeur CaMéo.