#vuauFIFIB : Douze Mille
Etienne et Morgann, ambassadeur.drice CaMéo vous présentent leur film coup de cœur au FIFIB 2019 !
Douze mille de Nadège Trebal, France, 1h51
Sortie prévue le 15 janvier 2020
La critique d’Etienne, étudiant, ambassadeur au cinéma Jean Eustache de Pessac
DOUZE MILLE, première fiction pour la réalisatrice Nadège Trebal, s’engage dans la lignée de ses deux premiers films documentaires, affichant une certaine forme de réalisme dans le portrait qu’elle dresse de la petite classe prolétarienne. Franck, après avoir perdu sa source de revenu clandestine, quitte son foyer et sa femme, pour ramener à la maison autant que cette dernière gagne en un an : douze mille euros. C’est donc dans une quête monétaire que se lance Franck (Arieh Worthalter, formidable dans la complexité de son rôle), avec sa ruse, sa débrouillardise, mais aussi dans une quête d’un équilibre conjugal, persuadé que son couple ne pourra tenir que s’ils gagnent la même somme d’argent, “pas plus pas moins”. C’est là les deux leitmotivs du film : l’argent, partout, qui régit et qui semble être à la fois la cause et la conséquence de tout ce qui lie les hommes, et l’amour, le désir, la question de la fidélité conjugale.
Franck s’essaie tour à tour en ouvrier intérimaire, vendeur de cigarette, danseur pour ramasser quelques pièces, coursier, puis gardien dans un port. À travers sa progression dans ces usines pleines d’ouvriers au statut précaire, il fait la rencontre d’autres hommes “en galère”, des ouvriers qui ont arrêté leurs études et qui font des boulots à peine croyables. Lorsque l’un d’entre eux mime son travail quotidien, Franck, qui comme le film ne cède jamais au pathos facile et tire-larmes, le talonne et danse sur ses pas, comme si tout cela n’était qu’un jeu, comme si la danse et l’inventivité permanente étaient l’échappatoire à une vie morne. C’est en tout cas ce qui le lie à sa femme, ou plus encore qui creuse son absence : plusieurs fois, devant les regards des ouvriers amusés, il entame des pas de danses maladroits, incomplets, incapable d’en faire quelque chose car il a l’habitude de danser à deux.
C’est peut-être là une des plus belles réussites du film, de montrer sans artifice la réalité de la classe ouvrière précaire tout en filmant des scènes de pillage dans des containers comme des scènes de jeu, de chorégraphie géante, sur la musique planante et envoûtante de Rodophe Burger. De montrer tour à tour des échanges violents (lors des distributions de missions d’intérim et les menaces de certains d’entre eux face à celui qui veut “casser les prix”) et de montrer ces mêmes hommes réunis sous une forme de fraternité lorsqu’ils rient devant le cirque de Franck.
C’est finalement un beau message, tendre mais pas niais, que DOUZE MILLE nous livre : parce que même là où l’on croit que l’argent régule jusqu’aux rapports sociaux, l’homme apparaît plus fort que jamais, sa capacité à transformer les situations à son avantage et son inventivité sans cesse salués.
La critique de Morgann, lycéenne, ambassadrice au cinéma Zoetrope de Blaye
L’amour n’a pas d’âge, pas de limite mais en ce qui concerne Nadège Trebal, l’amour à un prix. Dans son film « Douze mille », nous découvrons l’histoire de Frank, un personnage théâtral et déterminé, venant de perdre son travail. Il fait alors la promesse à son aimé, Maroussia, de ramener la somme de 12 000 €. Restera-t-il fidèle, à Maroussia, à lui, ou même à ses promesses ?
« Douze mille » est un film très intéressant et très bien réalisé. On y retrouve Arieh Worthalter, Liv Henneguier et Nadège Trebal.
Ce film plaît premièrement par son visuel, les couleurs des scènes sont bien sélectionnées, d’un côté nous avons des couleurs chaudes lors des scènes avec Maroussia. Et de l’autre des couleurs froides pour Frank. Cette opposition est intéressante et paradoxale car elle oppose deux caractères, deux humeurs mais aussi un couple. Et c’est cette opposition nous fait, nous spectateurs, douter de leur avenir.
En plus des couleurs, la danse vient rythmer tout le film, Nadège fait de la musique un fil conducteur et un outil entre chaque scène.
Ce qui rend sa réalisation bonne, c’est le double rôle de Nadège Trebal dans le film. En effet, elle est à la fois réalisatrice et actrice. Nadège a expliqué que l’expérience de jongler entre ces deux fonctions a été enrichissante pour elle, car elle a su prendre du recul sur elle-même. Et c’est ce recul qui nous permet de découvrir Maroussia sous son meilleur jour
C’est un film à voir, c’est une nouvelle forme de romance à découvrir, où l’argent aurait une place bien particulière et importante. Alors oui, l’amour à un prix mais ce prix a aussi un nom , son nom est « Douze mille ».