Bêtes blondes
Bêtes blondes de Maxime Matray et Alexia Walther, France, 1h41 – A partir de 16 ans
Comédie dramatique
Fabien a toujours l’air égaré, et même un peu perché, quand il se réveille. Ephémère vedette d’une sitcom des années 90, il perd régulièrement la boule et la mémoire depuis la disparition de Corinne, sa partenaire à l’écran qu’il aimait tant. Plus rien de l’étonne, pas même sa rencontre avec Yoni, un jeune garçon plein de larmes, qui trimballe dans un sac la tête de son amant, beau comme un rêve, troublant comme un souvenir, comme un reproche… Pour Fabien, il est l’heure de remonter le temps.
Road-movie français excentrique, absurde et atypique. Dans une esthétique rétro années 70, les scènes s’enchaînent avec la logique d’un rêve ayant pour seul fil conducteur une amitié naissante sur fond de drame amoureux.
Bêtes blondes est un film profondément singulier qui ne doit rien aux modes. C’est un film qui renoue avec le cinéma de poésie, une œuvre « vivante » qui ménage des surprises tout au long du déroulement d’une trame dramatique volontairement lâche et sinueuse. C’est un film attachant aussi, sorte de buddy movie déviant, appariant deux êtres profondément originaux et touchants, reliant le fantasque et fluide Fabien au nerveux et solide Yoni. Il faut voir d’ailleurs avec quelle délicatesse le film quitte Fabien dans un ultime très beau plan pour se rappeler que le cinéma est aussi une affaire de respect, à son matériau, à ses personnages, à ses interprètes.
Le film a reçu plusieurs prix en festivals, à Venise, à Belfort, et a suscité l’enthousiasme des publics qui l’ont découvert. Au Festival Entrevues, il a reçu le Prix Gérard Frot-Coutaz, du nom de ce critique et cinéaste prématurément décédé qui, à travers quelques beaux films rares, cherchait à apporter rigueur, invention, intelligence, poésie, beauté et, ce qui n’est pas le moindre mérite, humour, au cinéma qu’il pratiquait. Ce n’est que justice en regard du charme et de l’inventivité de Bêtes blondes.